TDS 2016 : une édition caniculaire !

Le voilà, l’objectif de l’année… après avoir participé à la première édition en 2009, je me lance à nouveau dans l’aventure TDS à Chamonix ! Je l’ai choisi pour son côté sauvage et technique, ses paysages magnifiques. Je ne suis pas revenu dans la capitale mondial de l'ultra-trail depuis 2012 et un UTMB à oublier... La course étant un mercredi, c’est aussi l’occasion d’une bonne semaine de vacances en famille dans le coin.

(Les photos sont perso par défaut, sinon le Copyright est marqué dessus)

 

Un profil pas si simple que ça

Un profil pas si simple que ça

La préparation a été quasi parfaite : volumineuse en kms et en D+, de bonnes sensations, des sorties longues régulières. A 15 jours de la course, je suis serein et il est temps de lever le pied. Oui mais voilà, cette belle sérénité s’étiole les jours avant la course. Comme d’habitude, des petites douleurs apparaissent ici et là, mais c’est classique et ça se gère. Non ce qui me préoccupe c’est surtout cette fatigue générale qui s’installent comme si je n’arrivais pas à encaisser la charge du cycle de préparation (environ 385kms et 19000+ en 26 jours). Avec le beau temps et la chaleur annoncée, le choix du matériel est simple et je m’allège au maximum (pas de gants légers, cuissard court, ...).

 

Ca y est, c'est l'heure du départ...

Ca y est, c'est l'heure du départ...

La dernière nuit est plutôt bonne (4H30 de sommeil environ), le réveil se fait à 3H pour aller prendre le bus de l’organisation direction Courmayeur. Nous sommes près de 1800 coureurs au départ et ça se bouscule pas mal dans le centre sportif de Dolonne puis dans les rues de Courmayeur. On oubliera donc le dernier pipi (de la peur), impossible de trouver un coin tranquille. J’arrive à me placer au 10ième rang environ sur la ligne. J’essaie de me concentrer, il ne fait pas froid. Je zappe un peu les discours d’avant course mais une phrase de Catherine Poletti m’inquiète un peu : « Il va faire chaud. Quand vous descendrez sur Bourg Saint Maurice, vous aurez l’impression de rentrer dans un four »…

C'est parti pour l'aventure !
C'est parti pour l'aventure !

C'est parti pour l'aventure !

6H déjà, le compte à rebours est lancé… Je n'ai pas pris ma frontale pour le départ et ça passe limite... Ça part fort, très fort devant et ça se bouscule dans tous les sens dans les ruelles pavées et piègeuses de Courmayeur… Je garde un rythme cool et relâché pendant que de nombreux coureurs me doublent comme des balles. Après 2-3kms de route, on attaque la première montée et je marche de suite. Je fais toute la montée sur un rythme régulier sur la piste de ski et au milieu du flot de coureurs, sans me mettre dans le rouge et avec le lever du soleil en toile de fond. Je suis content d’être là, j’ai de la chance mais bon, je sens que les jambes ont du mal à se décrisper.

Pas trop difficile pour l'instantPas trop difficile pour l'instantPas trop difficile pour l'instant
Pas trop difficile pour l'instantPas trop difficile pour l'instant

Pas trop difficile pour l'instant

Passé le pointage, on continue la montée vers l’Arête du Mont Favre par un petit single fort agréable. Les positions commencent à se figer, les coureurs à trouver leur rythme. La vue sur la chaîne du Mont Blanc est incroyable avec le soleil du matin et je bascule dans la première descente que j’aborde relâché, le sentier est piègeux.

On commence à profiter du paysage
On commence à profiter du paysage
On commence à profiter du paysage
On commence à profiter du paysage
On commence à profiter du paysage

On commence à profiter du paysage

Première relance vers le ravito du lac Combal, les jambes coincent toujours, c’est inquiétant. Je découvre de jour ce magnifique coin (pour l’UTMB en 2008, j’y étais passé de nuit et en sens inverse…), même si l'odeur ambiante est bizarre. Arrêt express au ravito pour refaire le plein d'eau, je relance vers le Col Chavannes, très impressionnant vu du bas. Là aussi, je monte en rythme, sans forcer, sur un chemin un peu plus accidenté.

En rythme
En rythme
En rythme
En rythme
En rythme

En rythme

Au sommet, je profite du paysage pour souffler un peu avant de me lancer dans une interminable descente sur un large chemin inintéressant. Heureusement, j’arrive à mieux dérouler et à gagner enfin quelques places. On commence à s'arrêter à toutes les sources croisées pour boire un peu ou se mouiller la tête. Au fond de la combe, on traverse un ruisseau pour attaquer la montée vers le Col du Petit Saint Bernard. Surprise : je croise Mickael V. qui attend son frère et ça fait du bien de discuter sur quelques mètres avec une connaissance. La montée est très variée et passe bien. Le Lac Verney est très joli et je commence à avoir chaud en arrivant au Col à 11H30 et 2100m d’altitude !

On quitte l'Italie...
On quitte l'Italie...
On quitte l'Italie...
On quitte l'Italie...
On quitte l'Italie...
On quitte l'Italie...
On quitte l'Italie...

On quitte l'Italie...

 

Je prends le temps de mettre de la crème solaire et de bien boire au ravito puis je me lance dans la descente… direction le four. Effectivement, la descente est longue, chaude, là aussi inintéressante et surtout on finit par cuire littéralement dans les derniers kms sur le bitume. J’arrive enfin à Bourg Saint Maurice pas au mieux et avec un bon échauffement au talon droit. Mauvaise surprise : la chaussette est déchirée, la peau arrachée et je dois faire un pansement de secours sur le talon (grâce à la bande élastique obligatoire...). Pour le reste, ça ne va pas fort, je m’allonge. Autour de moi, ça tombe comme des mouches aussi. Je discute 5’ avec Anthony Gay qui a fait demi-tour au Fort de la Platte, une fournaise qui met en danger la santé pour lui. Ca ne me rassure pas car il semble bien plus fringant que moi !

Cuit à point dans le four
Cuit à point dans le four
Cuit à point dans le four
Cuit à point dans le four

Cuit à point dans le four

Pfff… ça cogite, je pense à l'abandon, je me sens nauséeux mais je repars tout de même après un contrôle succinct du matériel et près de 35’ d’arrêt !!! La première moitié de la montée, plutôt ombragé, est un véritable calvaire pourtant… je m’arrête quelques secondes à chaque virage, à chaque arbre, à chauqe pas… c’est dur et de nombreux coureurs font demi-tour en plus… le moral est au plus bas, je me sens complètement vidé, j’ai envie de vomir à chaque gorgée d’eau et je dois même stopper 12’ sur le bord du chemin après seulement 300+ depuis Bourg Saint Maurice… finalement cette pause inédite fait du bien et je boucle les 800+ jusqu’au Fort de la Platte d’une seule traite en 1H10’ environ !!! Pas transcendant, mais suffisant pour me remonter le moral, faire un arrêt express pour recharger en eau au Fort (où l'organisation a jugé bon de rajouter un ravito en eau) et repartir pour… se prendre un 2ième coup de bambou. En effet, 5m après la sortie du ravito, je vomis toutes mes tripes sur le bord du chemin. C'est cool...

La montée au Fort de la Platte, le chemin de croix de beaucoup de coureurs
La montée au Fort de la Platte, le chemin de croix de beaucoup de coureurs
La montée au Fort de la Platte, le chemin de croix de beaucoup de coureurs
La montée au Fort de la Platte, le chemin de croix de beaucoup de coureurs
La montée au Fort de la Platte, le chemin de croix de beaucoup de coureurs
La montée au Fort de la Platte, le chemin de croix de beaucoup de coureurs

La montée au Fort de la Platte, le chemin de croix de beaucoup de coureurs

Punaise ! Ca fait ch… je reviens vers le ravito, je me place à l’ombre, attends que le ventre se calme, mange tranquillement une barre salée, bois régulièrement, attends de digérer puis je retente à nouveau ma chance. Résultat : 1H07’ d’arrêt, record du monde en ce qui me concerne… L’objectif des 21H s’est envolé avec une insolation, maintenant il faut aller au bout. Je repars donc tranquillement avec un italien en observant un hélicoptère déposant 2 secouristes.

... une barre salée, et ça repart !... une barre salée, et ça repart !... une barre salée, et ça repart !
... une barre salée, et ça repart !... une barre salée, et ça repart !

... une barre salée, et ça repart !

La suite n’est pas trop difficile et je marche avec un bon rythme, ça me rassure un peu et je lâche l'italien. Le passage au Col de la Forclaz est toujours aussi magnifique, la descente qui suit pas si facile et enfin à l'ombre. La montée vers le Passeur de Pralognan est un longuette mais se passe bien sans trop forcer. Ensuite, c’est le passage le plus dur de la course pour moi avec une courte descente bien technique dans les rochers et avec de nombreuses cordes. Je prends mon temps (je ne suis plus à 5' près), je profite du paysage et puis j’ai quand même de la chance d’y passer de jour ;).

Pas trop de civilisation dans le coin
Pas trop de civilisation dans le coin
Pas trop de civilisation dans le coin
Pas trop de civilisation dans le coin
Pas trop de civilisation dans le coin
Pas trop de civilisation dans le coin
Pas trop de civilisation dans le coin

Pas trop de civilisation dans le coin

J’essaie de dérouler jusqu’au Cormet de Roselend où je prends une bonne pause de 20 minutes pour enfin changer de chaussette (droite) et m’alimenter. Je me sens un poil mieux donc je reprends vite le chemin pour passer le Col de la Sausse avant la nuit. Et pourtant, le speaker du ravito avait annoncé « Le bus pour Chamonix part dans 15 minutes  ». Oui mais voilà maintenant, je ne pense plus à l'abandon, je me sens encore faible, mais mieux. La montée est régulière et pas du tout difficile, ça passe bien. Je mets ma frontale au Col pour ne pas me faire surprendre ensuite. J’arrive bien à dérouler dans la descente qui suit, assez agréable. Le passage du pas du Curé est incroyable avec la montagne à gauche et une gorge et le vide à droite. Là aussi, mieux vaut passer de jour !

C'est bientôt la nuit, une nouvelle course va commencer.
C'est bientôt la nuit, une nouvelle course va commencer.
C'est bientôt la nuit, une nouvelle course va commencer.
C'est bientôt la nuit, une nouvelle course va commencer.
C'est bientôt la nuit, une nouvelle course va commencer.

C'est bientôt la nuit, une nouvelle course va commencer.

J’arrive à la Gitte avec la nuit, fini les photos. Je refais un plein d’eau express puis attaque le gros de la montée vers le Col du Joly sur une piste, puis sur un chemin plus compliqué avec (enfin) un compagnon de route Jean-Christophe. Passé le Col Est de la Gitte, ça se complique : le chemin devient très caillouteux et assez technique, surtout de nuit. En plus, on voit et on entend le ravito droit devant. Oui mais voilà, le parcours fait un énorme détour de plus d'une heure sous l’Aiguille de Roselette. C’est chaud et pas facile !!! Sur la fin, je sens aussi que je craque un peu, que les nausées reviennent.

Photos de la journée n°1
Photos de la journée n°1
Photos de la journée n°1

Photos de la journée n°1

Le ravito du Col du Joly est enfin là avec la musique à fond, ses vaches et une bonne ambiance, mais je me sens mal, vraiment mal. J’arrive à convaincre l’équipe médicale de me donner un médicament contre la nausée, mais je vomis tout 5’ plus tard. C’est reparti pour gérer ce passage à vide : j’attends que le ventre se calme, mange tranquillement une barre salée et du chocolat, bois régulièrement, ... non non Madame j'ai pourri le sac poubelle avec mon vomi mais je n'abandonne pas.., j'attends de digérer puis je retente à nouveau ma chance… oui c’est un copier/coller du Fort de la Platte et là je reste 50’ au ravito… je déroule tranquillement vers les Contamines, le chemin n’est pas si facile… puis peu à peu, je me sens mieux, j’accélère un peu le rythme, je double plusieurs concurrents. C'est quand même bizarre le corps humain !

Photos de la journée n°2
Photos de la journée n°2
Photos de la journée n°2

Photos de la journée n°2

Je réalise une très bonne portion sur cette descente vers Les Contamines, peut-être même la meilleure de la course et j’arrive avec un bon moral au ravito. Je sais que je peux maintenant aller au bout avec encore 2 difficultés et une arrivée au lever du jour. Pas de prise de risque maintenant, je prends une bonne pause de 20 minutes pour manger une barre salée et du chocolat. J’attends aussi 2-3 coureurs pour se lancer dans la montée ensemble.

Photos de la journée n°3
Photos de la journée n°3
Photos de la journée n°3

Photos de la journée n°3

Oui mais voilà, je me sens vraiment mieux, les jambes répondent bien. Je distance rapidement le petit groupe puis double d’autres concurrents. Je reconnais parfaitement le tracé du parcours de repli de l’UTMB 2012… Entre les Chalets du Truc et le début de la montée du Col du Tricot, la descente n’est pas facile mais je continue de doubler. La vue sur la montée du Col du Tricot est saisissante : les 600+ sont vraiment impressionnants avec une guirlande lumineuse tout le long.

Photos de la journée n°4
Photos de la journée n°4
Photos de la journée n°4

Photos de la journée n°4

La montée est raide mais peu technique. Je coince un peu et m’arrête régulièrement. Je ne rattrape personne et seul un portugais me rejoint à 3 virages du terme. Verdict : 54’ malgré les nombreux arrêts. Le portugais descend vite dans ce chemin bien caillouteux et technique (et en plus il fait nuit noir), je me force donc à suivre son rythme et ce n’est pas facile. Je commence à penser bien fort à l'arrivée.

Photos de la journée n°5
Photos de la journée n°5
Photos de la journée n°5

Photos de la journée n°5

Ça monte, ça descend, ça tourne, y’a des cailloux et des racines de partout. C’est un passage compliqué et éprouvant mais je sens que la fin approche, je progresse bien. Le passage sur la passerelle au-dessus d’un torrent en furie est incroyable. En arrivant sur Bellevue, je lâche le portugais et double encore quelques concurrents. Je ne tarde pas et attaque la descente de suite. En 2012, c’était glissant. Là ça va mieux et je déroule bien jusqu’aux Houches. Dans la descente, une italienne sollicite tous les concurrents pour éclairer son chemin car elle n’a pas de piles de rechanges ! hum hum… no comment…

Photos de la journée n°6
Photos de la journée n°6
Photos de la journée n°6

Photos de la journée n°6

Arrêt express aux Houches, je veux boucler la course avant 7H du matin. J’éteins la frontale avec le lever du jour. J’alterne marche et course sur le chemin le long de l’Arve qui nous ramène à Chamonix. Un petit coup de fil à Gabrielle pour réveiller les enfants et venir m’attendre à l'arrivée. On débouche enfin dans la ville… complètement déserte. Décidément je n’arriverai pas à finir une course de l’UTMB dans la liesse populaire (on a le droit de rêver un peu).

Photos de la journée n°7
Photos de la journée n°7
Photos de la journée n°7

Photos de la journée n°7

Je slalome entre les camions poubelles et les gens qui sortent les chiens. Dernier virage, Timothée et Hanaé sont tout heureux de faire les derniers mètres avec moi ! Ouf, la fin de course a été bien meilleure depuis le Col du Joly avec de meilleures sensations et un rythme plus correct. Je boucle les 119kms et 7200+ en 24H54’ à la 221ième place, assez loin de mes objectifs de 21H et de top100.

Une arrivée triomphante mais anonyme...
Une arrivée triomphante mais anonyme...
Une arrivée triomphante mais anonyme...

Une arrivée triomphante mais anonyme...

J’ai la satisfaction d’avoir terminé dans de bonnes dispositions physiques finalement (pas de douleurs musculaires) et en famille.

Comme beaucoup, j’ai souffert de la chaleur, j'ai craqué physiquement, j'ai failli craquer mentalement. Je ne pense pas que mes défaillances viennent d’une déshydratation (j’ai bu régulièrement et fait pipi au moins 10 fois tout au long de la course), mais plutôt d’une insolation. J’avais les idées claires durant ces coups de chaud, j’ai donc pu mieux les gérer en allongeant les temps de pause, en m'alimentant et en m'hydratant correctement. C’était la seule solution possible avant des problèmes de santé plus graves ou un abandon.

La course est toujours aussi belle et un peu plus longue et technique (surtout à la fin) qu’en 2009. J’en ai bien profité (et bavé) pendant les 25H. Punaise, j’avais été vraiment bon en 2009 !

Me voilà donc double finisher UTMB, double finisher CCC et double finisher TDS…

Une course chaotique

Une course chaotique

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