Christophe : UTMB 2018, analyse d'un échec

Mon premier UTMB date de 2008. J'avais 30 ans et bien moins d'expérience que maintenant. Le matériel était moins pointu, le trail moins à la mode. Je m'étais entraîné comme j'avais pu pour ce premier ultra, c'était un peu l'inconnu pour moi.

La course s'était plutôt bien passée : 130kms sur un bon rythme puis une explosion sur les 40 derniers kms où j'avais fini complètement laminé et épuisé. Mais bon, avec le recul, c'était une course réussie et un excellent souvenir.

Cette année, je fête mes 40 ans et l'UTMB a été l'objectif numéro 1. Tout a été construit autour de cette course durant toute l'année. Les cycles d'entrainement se sont enchaînés sans pépin. Notamment cet été, j'ai enchaîné de nombreuses sorties longues matinales et à allure modérée (pour éviter la canicule aussi).

J'arrive à Chamonix dans un grand état de forme physique et avec une bonne sérénité mentale. Je connais le parcours, j'ai désormais de l'expérience, ma stratégie est parfaitement définie, mon sac est calculé au gramme près, bref je suis en confiance. Je l'avoue, je ne viens pas pour finir, je viens pour faire une bonne course et battre mon temps référence de 2008.

En 10 ans, le trail a explosé et la semaine chamoniarde est devenue une grande fête, sportive mais aussi marketing. Les marques et les stars se montrent à tous les coins de rue. Pour ou contre l'UTMB et ses valeurs, il faut tout de même avouer que c'est le sommet mondial de l'ultra trail.

 

Des stars d'aujourd'hui et d'hier...
Des stars d'aujourd'hui et d'hier...
Des stars d'aujourd'hui et d'hier...
Des stars d'aujourd'hui et d'hier...
Des stars d'aujourd'hui et d'hier...
Des stars d'aujourd'hui et d'hier...
Des stars d'aujourd'hui et d'hier...
Des stars d'aujourd'hui et d'hier...
Des stars d'aujourd'hui et d'hier...
Des stars d'aujourd'hui et d'hier...
Des stars d'aujourd'hui et d'hier...

Des stars d'aujourd'hui et d'hier...

Vendredi 31 août, le temps est pourri après une semaine de beau temps à 25°. L'organisation envoie un sms en urgence pour nous rajouter quelques couches avec le froid et la pluie annoncés. Zut... J'anticipe un peu mais ma course va se dérouler en 3 actes.

 

Acte 1 : un départ pluvieux et encombré

Au départ, il pleut. La tension et l'ambiance montent, et ça part fort, toujours trop fort, comme d'habitude je dirais. Moi je gère mon effort, on part pour 171kms et les premiers kms ne représentent rien, il faut se préserver, surtout avec cette pluie.

Alors bien sur, ça double, ça se bouscule, ça râle... Moi je reste sur ma course et mon rythme. Avec la pluie, la nuit arrive bien vite. On passe St Gervais, on arrive aux Contamines au milieu d'une foule de coureurs. Je l'avoue, je ne prends aucun plaisir. Le ravito est bondé, les assistances gênent les coureurs, c'est une vraie galère...

 

Acte 2 : une nuit de rêve

Je repars rapidement des Contamines et la pluie s'arrête enfin. Il y a aussi bien moins de coureurs autour de moi, ça devient plus agréable de progresser. Je sens que les jambes sont là, que la forme est présente. Je monte d'un bon rythme au Col du Bonhomme avec Guillaume, un sympathique coureur savoyard. Le ciel se dégage, la lune fait son apparition, il ne fait pas si froid finalement, je commence à me sentir vraiment bien.

La descente sur les Chapieux est parfaitement gérée, le ravito éclair. Je repars en courant vers le Col de la Seigne. Je suis sur un petit nuage et j'alterne marche et course dans cette longue montée, je double régulièrement d'autres coureurs. J’enchaîne parfaitement la descente vers le lac Combal, je suis en avance sur mes temps de passage, je ne me suis jamais senti aussi bien (mis à part quelques frottements, la pluie ayant déjà lessivé la crème anti-frottements). La montée à l'Arête du Mont Favre est une formalité.

Je mène alors un petit groupe jusqu'au Col Chécrouit, mais je trouve la section un peu plus longue que dans mes souvenirs. Je dois avoir un léger coup de mou, le premier de la course après un peu plus de 12H de course. Le début de la descente vers Courmayeur est compliqué, je suis à la peine, mais je me refais bien sur la seconde moitié pour arriver gonflé à bloc à la base vie.

 

Acte 3 : un excès de confiance qui coûte cher

A Courmayeur, je refais mon sac, je mange, je me change et je décide de repartir en manches courtes : le jour s'est levé, le ciel est bleu et il ne fait pas si froid. La montée à Bertone est dure, j'en bave, mais je la fais d'une traite dans le chrono prévu.

Au refuge, un coureur me pique mes bâtons et me laisse les siens bien pourris, ça fout les boules. Je sens aussi le froid finalement et un peu de vent, je décide de mettre mon coupe-vent, uniquement... La traversée vers Bonatti est là aussi difficile, j'ai du mal à relancer physiquement, mais je serre les dents mentalement car on approche des 100kms et je me donne le droit à quelques baisses de régime, mine de rien j'ai 40' d'avance sur mon timing à ce moment-là.

La descente vers Arnuva constitue le tournant de ma course : le froid et le vent s'accentuent, ma fatigue et mon coup de barre aussi. je n'écoute pas mon corps qui est à la peine et j'arrive au ravito mal en point : je tremble, je fais une petite hypothermie. Je prends la décision de rester au chaud un moment.

Oui mais voilà, il n'y plus de place donc on m'abandonne dans le local des kinés, peu chauffé et avec du passage. Au bout de 1H15 sous une couverture, je suis un poil réchauffé et je décide de repartir avec polaire, veste et sur-pantalon. La montée au Grand Col Ferret est un calvaire : certes je n'ai pas trop froid, mais j'en bave physiquement, je m'arrête régulièrement.

Au sommet, le vent est terrible et je bascule sans envie dans la descente. Un long chemin de croix jusqu'à la Fouly commence : je me sens épuisé, vidé physiquement et surtout moralement. Je marche, je n'arrive plus à relancer, on me double et me redouble. Je cogite à fond sur le fait de refaire une hypothermie en plein parcours pendant la seconde nuit (il reste alors 60kms et au mieux 14-15H de course). Bref, pour la première fois de ma vie de traileur, j'ai lâché physiquement ET moralement suite à cette petite hypothermie.

Malgré les encouragements de ma famille et de mes amis à la Fouly, je décide, la mort dans l'âme, d'arrêter.

 

Le bilan

Oui, j'étais dans dans un super état de forme physique et très bien préparé sur cette grosse course objectif.

Oui, j'étais motivé à bloc pour faire une belle course et prendre du plaisir comme cela a pu se passer entre les Contamines et le Col Chécrouit.

Oui, j'avais parfaitement géré mon effort sur les 90 premiers kilomètres du parcours et la suite s'annonçait bien.

Mais voilà, j'ai fait une toute petite erreur, un excès de confiance sur mes capacités et mon écoute face aux conditions météos. Je l'ai appris ensuite, je ne fus pas le seul et de nombreux coureurs ont eu le même soucis.

Mais ça reste rageant malgré ma grosse expérience, de ne pas avoir la présence d'esprit de m'arrêter 2' pour enfiler une polaire et un sur-pantalon.

C'est une grosse désillusion au niveau de ma gestion, au niveau des efforts fournis avant et pendant la course.

Voilà c'est l'ultra-trail et il faut se servir de cet échec pour mieux repartir pour la suite...

 

 

La course
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J’ai participé à l’ultra trail du Mont Blanc (UTMB) 2016. Une course de 170 km 10 000 m D+ autour du Mont Blanc, le rêve de nombreux coureurs du monde entier. J’en garde que de bons souvenirs.
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