Cr de notre ami Manu Gamain : L’ultrardêchois 28 avril 2012

Aujourd'hui, nous vous faisons part du récit de notre ami Manu sur l'ultrardéchois, samedi dernier. Bravo Manu pour avoir bouclé cette belle épreuve, avec beaucoup de courage.

 

Ca y est, c’est mon 1er ultra trail pour cette année 2012. 15 jours plus tôt que les années précédentes mais étant donné que le 12 mai je participe à la randonnée cyclotouriste des ASPTT ( Grenoble – St-Lo 803kms en 5 jours + 2 sorties de 130km chacune sur place ) mon choix s’oriente sur ce 1er ultardêchois ( annoncé comme unique ) ave 98kms et 3930d+ au départ de la commune de Désaignes ( 7ème commune la plus vaste de France avec 23 habitants au km2...).

Sur cette commune, peu de solution de logements de plus il y a 5 courses organisées sur le week-end pour un total de 2000 coureurs environ et c’est le WE du 1er mai.

De ce fait, mon choix ( par défaut ) se porte sur le château des Sauvages qui a vu la naissance de Konrad Killian (http://www.medarus.org/Ardeche/07celebr/07celTex/killian-conrad.htm ) situé à 3kms de Désaignes. Le propriétaire nous avait prévenu que c’était un logement très spartiate….il n’avait pas tort. Je passe les détails.

Retrait du dossard le vendredi après-midi puis direction le restaurant sur la place du village ( et de départ de la course ) pour un repas….bref on n’y mange pas 2 fois.

Retour au logement pour préparer le sac, les boissons puis extinction des lumières à 21h45, le réveil est prévu à 2h. Enfin quand je dis extinction….le château est brassé par de fortes rafales de vent, de plus c’est une vieille batisse avec les bruits qui vont avec ( insectes ou autres ) autant dire une nuit blanche, j’étais debout avant que le réveil sonne.

P’tit déjeuner classique et direction Désaignes pour le top départ à 4h.

Et comme ce WE course ne s’annonçait pas comme les autres, juste avant le départ je m’aperçois que j’ai perdu la pochette avec l’appareil photo ( je suis fautif ). Un retour rapide à la voiture ( parking dans les champs alentours ) avec la frontale..rien. Ca continu, logement spartiate, repas pas terrible, nuit blanche et voilà l’appareil photo en moins.

Après un brief rapide, l’organisation a prévu un p’tit feu d’artifices avec musique, sympa.

4h, c’est parti, je me cale avec Christian un copain du club de Tullins ( échange de « bonjour » puis des intentions de course ) et ensuite chacun pour soit. Il se sent en super forme et en préparation pour l’UTMB donc il file pour remonter sur l’avant du peloton. De plus on commence par une grosse côte ce qui me fait adopter le mode marche. Je ne vois pas trop dans quelle portion du peloton je me trouve, mais je pense être dans le 1er tiers.

Les sensations sont bonnes malgré le manque de sommeil et cette entame tout en montée qui nous amène à 893m soit 400md+ pour 6kms. Petite descente d’1.5km et 130d- pour ensuite remonter vers le point haut du parcours, un champ d’éoliennes que l’on ne verra pas, il fait encore nuit. Cette montée fait 3.2km et 460d+ tout cela sur de larges chemins carrossables ou chemins de forêts très praticables, sans

grandes difficultés techniques hormis les branchages morts qui jonchent le sol dû au vent violent. Nous en sommes à 10.71kms.

Il est prévu un point organisé avant le premier ravitaillement en solide….Oui mais non !! à l’arrivée rien, sauf un robinet extérieur qui ne présente pas toute les qualités de l’eau. Heureusement, la réserve d’eau n’est pas à sec ( je suis parti avec 1 poche d’1l et 2 bidons 60l. Au km 22 il est annoncé un ravitaillement en solide, ça ira jusque là.

La descente va nous amener vers un des points historique de la région, le château de Rochebonne (http://www.patrimoine-ardeche.com/visites/rochebonne_n.htm ) 17ème km, un passage au travers des ruines, s’en suit une partie technique qui nous descend sur une cascade. C’est l’occasion de discuter avec d’autres coureurs ( un groupe de copains ), d’échanger les plaisirs ( les nôtres sont un peu fou ) mais aussi de pouvoir me caler avec eux pour un p’tit bout de chemin.

La partie basse se situe au km 19.64 altitude 707m, puis remontée vers le village de St Jean Roure au km 21.60 où nous attend le premier ravitaillement. Plutôt un gros point d’eau et du solide très varié. J’en profite pour recharger le tout, ôter la frontale, mettre la casquette. Cela fait 3h19 que nous avons pris le départ.

Je redémarre sans trop m’attarder car il faut continuer à monter, cette première partie de course est une boucle avec en retour un 2ème passage aux éoliennes ( et là on les verra ) km 27.93. J’en ai profité pour rester avec mes compagnons de route, tailler encore la bavette !! d’autant que l’un des coureurs connaît le parcours, donc pas mal de renseignements pris.

Dans la descente suivante qui nous amène au ravitaillement de Labatie d’Andaure, je garde mon rythme et suis surpris de voir que le groupe ne suit pas, ils ont diminué l’allure…Avec le jour qui a déjà gagné du terrain, je m’aperçois de l’état des chemins dû au vent et de l’exercice d’évitement qui était le nôtre un peu plus tôt…enfin si je puis dire car en moins de 5 secondes le gros orteils gauche tape 2 fois des branchages et à coups sur, ongle bleu ( et même plus que ça ). Du même coup, les descentes commencent à se faire sentir sur ce pied, je diminue l’allure ( pourtant je n’allais pas vite ) et les copains reviennent à ma hauteur mais je ne m’accroche pas à eux, je reste seul. 2 beaux « coups de cul » m’attendent et m’obligent à marcher de nouveau.

L’arrivée au ravitaillement km 34 alt 602m est un plaisir, les applaudissements des accompagnants sont nombreux. L’organisation avait prévu une check liste des divers points de passage et ravitaillements pour ceux qui souhaitaient suivre.

Un verre de coca + un d’eau pétillante, à nouveau la recharge des bidons et de la poche à eau, le soleil qui pointe son nez depuis quelques temps, cumulé aux rafales de vent qui nous asséchent, les réserves se vides rapidement. J’en profite aussi pour prendre du pain d’épice mais rien de plus, j’ai ce qu’il faut dans le sac. Il y est proposé une soupe vermicelle que je ne prends pas…..la suite me donnera tort. J’équipe la casquette de sa partie « saharienne » et redémarre seul.

Montée aux ruines du château de Rochebloine, km 47.24 alt 965

(http://www.autour-des chateaux.com/feuille.php?page=rochebloine ) par un chemin qui oblige la marche mais surtout avec un final « droit dans l’pentu » taillé dans les genets où il y est difficile de passer avec en guise de point de mire, des spectateurs-accompagnateurs montés en voiture ( la route est juste aux pieds des ruines !! ).

La descente qui suit est très variable en qualité de pose de pieds, il faut être très attentif pour les chevilles. La montée suivante est de même qualité avec 4kms et 375d+ ( km 55 ). Cela devient très compliqué, la chaleur + le vent très fort qui assèche et la réserve glucidique qui ne veut plus passer faute à cette bouche sèche m’empêche de positiver et de prendre plaisir. Je rentre dans le trou noir. Gorgée par gorgée, j’essaie de stopper cette soif, mais rien n’y fait. Pourtant j’ai bu ce qu’il fallait mais avec ce vent qui nous balade dans tous les sens….J’en profite pour discuter avec 2 coureurs qui ne vont guère plus vite.

Dans le pentu suivant, l’un d’eux s’arrête et propose des noix de cajou, bien volontiers et là ça passe bien. Mais je n’en abuse pas. Il y a au moins quelque chose dans l’estomac. Je leur annonce mon intention d’arrêter au prochain ravitaillement au km64. Rien ne va plus, coup de chaud, bouche sèche, estomac vide, soif et soif…le vent devenu violent, bref vite à la douche.

Arrive ce ravitaillement à Rochepaule km64, il y a foule, sur les quelques mètres de bitume empruntés les jambes se mettent à tourner ( peut-être l’émulation des applaudissements…). Je vois qu’il y a un bon nombre de coureurs dans le même état et qui profitent longuement de cet endroit. Mon dossard est comptabilisé avec un grand sourir et tous ces éléments m’amène à repousser ma décision. D’abords se ravitailler correctement si cela veut bien passer, ensuite on verra. Je profite de la bonne soupe de légume proposée qui ô miracle, passe très bien. Et du même coup, je me sens beaucoup mieux. Puis, il me semble entendre un appel « Manu », je cherche et vois le copain Christian dans l’ambulance de la croix rouge. Verdict, déshydratation et impossible de reprendre la route. Je lui annonce que je suis aussi à 50% d’abandonner, mais que cette restauration me fait du bien. De ce fait, les idées sont plus claires, l’envie revient et les 2 copains en mode « abandon », non. Je prends la décision d’y retourner, le finir aussi pour lui car il est très déçu ( au moment de ses divers malaises il était 13ème ). Bien sur sans la fleur au fusil surtout que les conditions de course n’ont pas changé et que mon moins bien peu revenir. Un nouveau remplissage, un de plus, mais cette fois-ci je mets de l’eau pétillante dans les bidons couplée à de l’eau minérale.

Un dernier « bonne récup » à Christian et je repars sur une descente qu’il faut aborder prudemment, casser cette euphorie soudainement revenue. 4km de descente pour 300d- plus un nouveau droit dans l’pentu pas très long mais….petite descente et ensuite direction le lac de Devesset au km 75 alt 1065 ( http://www.lac-de-devesset.fr/ ) par une montée à nouveau méritante. Et à tous les égards, le vent s’est encore renforcé, et au plus l‘altitude se gagne, au plus il faut lutter contre cet élément naturel. La progression est lente, peu importe, l’essentiel est de rejoindre l’arrivée. Arrivé aux abords du lac, je vois l’un des 2 coureurs avec qui je discutais plus tôt mal en point. Les pieds en feu, il m’annonce qu’il arrête là, sa femme l’a suivi sur les différents points donc il a le retour voiture assuré. Notre but arrivé au lac est d’en faire le tour, soit 2.5km tout plat !! oui mais les abords sont très humides, des planches voir des palettes sont installées pour le passage de certains endroits. Moi qui pensait rentrer les pieds au sec vu les conditions météo, c’est raté. Et que dire du vent, il suffit d’imaginer un haut plateau avec un lac et pas

d’arbres et du vent qui est devenu très violent. L’endroit est sympas mais pas comme çà. Sur le lac y est prévu un point d’eau, mais je me dis qu’il doit être déplacé car impossible à tenir. Que nenni, rien et les réserves se vident à nouveau rapidement. Il faut rentrer en mode économie car le prochain ravitaillement est au KM87.

La descente du lac se veut être délicate, fatigue, vent, orteil gauche qui fait mal mais ça je connais déjà donc sa gestion en est facilité ( je sers les dents ) et j’arrive à ce ravitaillement, qui en fait est un point d’eau très sommaire….plein vent devant un bistro qui a offert une caisse de coca ( vous savez les p’ites bouteilles en verre...) de l’eau pétillante et pour remplir les bidons et poches à eau, il faut demander au comptoir. 2 accompagnateurs au comptoir ( avec une bonne bière ) m’aident pour remettre la poche et les bidons ( je les retrouverais le soir à table pour le repas et une bière !! ). On discute de la difficulté du parcours et du mérite que nous avons.

Je les salue, et m’en retourne sur la partie finale où l’on nous annonce qu’il reste 16km en descente, soit un total de 103km…enfin le total sera celui de l’arrivée.

J’aborde cette partie de nouveau sereinement, je coure sur les parties non techniques, non caillouteuses, là où les relances sont possibles et suis même surpris que cela marche bien. Mais ces 16kms ne sont pas tout en descente, se serait trop beau, 4 autres montées nous attendent, certes courtes mais quand même, ça tire. Au détour d’un chemin, une maison dont la propriétaire discute avec un coureur, annonce qu’il nous reste 4km ( au GPS j’ai 94.5, donc on revient plus dans le chiffre annoncé ) et explique comment sont ces 4kms. Je repars en compagnie de ce coureur, plus un autre qui est revenu sur nous bientôt rattrapé par une féminine. Nous voici 4 pour rallier l’arrivée, et suite à une petite bosse je m’aperçois que seul la féminine suit, les 2 autres marchent. Mes prévisions maximales étant moins de 17h, je ne les attends pas. Bientôt, je me retrouve seul, avec en point de mire 2 autres coureurs que je double dans le km suivant. Un dernier droit dans l’pentu de 50m pour arriver sur la route et c’est ma femme qui a le sourire en me voyant. Prise de nouvelles en marchant ( du coup les 2 derniers coureurs me doublent à leur tour ) et en regardant ma montre je vois qu’il me faut courir pour rester sous les 17H. Et puis après autant de km il faut bien passer la ligne d’arrivée en courant. Des grands bravos nous acceuillent, les félicitations viennent de tous ( il y a du monde car le lendemain il y a encore 2 courses et 1500 coureurs ). Un p’tit tour à la collation d’arrivée puis direction la pasta partie et la remise du lot finischer. Et là surprise, le repas est servie dans notre lot qui en fait est une assiette peinte à la main ( les ruines de Rochebonne comme dessin ). Autant tout manger pour emporter l’assiette !!

Puis finalement, ma femme m’annonce que l’appareil photo a été retrouvé ( perdu dans l’immense escalier du château des sauvages ). Une bonne nouvelle.

Finalement, un week-end plus qu’exeptionnel, pleins de rebondissements, qui aurait pu finir dans la déception.

Au total, un peu plus de 99kms ( mon GPS s’est arrêté au bout de 16h59’03..manquait pas grand-chose sur la batterie ) et 4300d+, 3 ongles bleus, des quadriceps en béton mais un total bonheur d’y être arrivé, entre 8 et 9 litres de boissons diverses et 76ème sur 250 partants.

Le retour à la maison se fera dans la foulée vers 1h dimanche matin

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