Rémy : retour sur l'Advanced Week Salomon de juillet 2012

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Petit retour (très) tardif sur le stage Salomon où  j’ai eu le plaisir d’être convié en tant que bloggeur pour accompagner les athlètes du team durant la deuxième partie de cet « Advanced Week ». Ce rassemblement Salomon se déroulait du 2 au 8 juillet 2012.

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Il s’agissait du second Advanced Week de la saison. Le premier, plutôt studieux, s’était déroulé au printemps (cette année, cela s’est déroulé en Grèce). Il avait servi à développer les nouvelles gammes de produits et à réaliser un bon bloc de lancement de saison (semaine à 200km). Ce second rassemblement sur Font Romeu, placé en milieu de saison, avait pour objectif d’offrir aux athlètes un petit break dans la saison, tout en finalisant quelques développements produits.

En fait, les 3 premiers jours étaient assez confidentiels puisqu’ils permettaient aux athlètes de découvrir les dernières mises aux points techniques sur les futurs produits (ils ont par exemple pu tester la future S-Lab 7… qui sortira vraisemblablement en 2014…). Des échanges assez « secrets » donc entre les athlètes et le staff technique de Salomon, où les bloggeurs et les journalistes n’étaient bien sûr pas conviés.

A partir du mercredi soir, la presse (journalistes pro ou bloggeur) a rejoint les athlètes et le staff Salomon. Avec une quinzaine de pays globalement représentés par 1 athlète, 1 team manager, 1 journaliste pro et 1 bloggeur, autant dire que nous étions nombreux (et il y avait une vingtaine de personnes du staff Salomon).

Nous avions un petit programme de planifié par les soins de Greg Vollet, mais une grande liberté se dégageait et chacun pouvait librement échanger avec n’importe qui. C’était vraiment très appréciable.

Bon personnellement, avec mon faible niveau d’anglais, j’ai été assez limité et je n’ai pas pu échanger tel que j’aurai aimé avec les athlètes présents. Heureusement, ça s’est un peu amélioré sur la fin de mon séjour et j’ai pu apprendre quelques secrets de certains athlètes (comme le fait de boire un verre de vin rouge par jour lors de séjours en altitude…merci Matti Heikkinen).

 

J’ai vraiment apprécié mes échanges avec l’encadrement du team (Greg Vollet et Jean-Michel Faure-Vincent principalement). Cela m’a permis de comprendre la politique commerciale de la marque pour le développement de notre sport dans le monde, le fonctionnement du meilleur team de trail, la direction dans laquelle ils souhaiteraient faire évoluer le trail… Bref, quel est le présent du trail de haut-niveau et comment devrait être l’avenir…

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Concernant le développement du marché du trail, j’ai particulièrement adhérer à leurs idées. En fait, pour augmenter leurs ventes, l’idée directrice n’est pas d’avancer contre les marques concurrentes, mais plutôt d’essayer d’avancer ensemble pour faire grossir le marché. Ainsi, si le marché du trail se développe encore davantage, toutes les marques seraient gagnantes ! et les pratiquants aussi !

C’est donc entre autres pour cela que les athlètes du team Salomon courent de plus en plus en dehors des frontières, comme par exemple Julien Chorier qui a gagné le tour du Mont Fuji, ou bien récemment le team Salomon France à Hong Kong… Une bonne médiatisation dans le pays hôte (avec de belles vidéos notamment) peut encourager certains à se lancer dans ce sport, et ainsi à grossir le marché trail du pays… Mais j’ai surtout ressenti dans ce discours une vraie passion pour le sport, une envie de partager et de faire connaître notre pratique sportive… bref, on était très loin de l’image ultra-commerciale que certains traileurs se font de Salomon.

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Au sujet de l’évolution du trail, Greg m’expliquait les raisons qui ont emmené autant de « top-athlètes » sur la Transvulcania en début de saison. En fait, la fédération de Skyrunning (fédération privée) les avaient invités pour connaître leur position quant à l’évolution du sport et la direction à prendre, avec en particulier la notion de sport olympique. Les athlètes furent unanimes en rejetant l’idée de l’olympisme pour le trail.

Greg, ancien VTTiste de niveau mondial, a connu les ravages du changement de statut de son ancienne discipline. Et il ne vaudrait pas que cela se reproduise dans le trail… En quelques mots,  Greg me résuma comment il avait vécu le changement en VTT : il m’expliqua que les jeux Olympiques ne s’adressent qu’à une infime partie des pratiquants, mais que pour cette poignée de champions, il avait fallu restructurer tous les formats d’épreuves, tout codifier, afin de faire des sélections à tous les niveaux de pratique… Fini donc les longs parcours en nature avec la notion d’aventure… Place aux boucles à répétition…  La mentalité entre coureurs avait aussi brutalement changée, certains ayant perdu toute convivialité…

Salomon (les athlètes comme le staff) n’est donc pas favorable au passage à l’olympisme mais souhaiterait tout de même faire évoluer la pratique compétitive, notamment pour l’élite. Bien sûr, il y a l’histoire des primes. Sachant que les courses profitent médiatiquement de la venue de l’élite, les membres de Salomon pensent  que l’élite devrait profiter aussi des retombées financières sur les gros évènements… mais la plupart des organisateurs ne sont pas du même avis…

Concernant le matos obligatoire sur les grandes épreuves (type UTMB principalement), le staff serait favorable d’autoriser les élites (les membres de teams de marques) à ne pas être contraints aux mêmes règles. La principale raison étant que les élites ont en général des assistances très régulières tout au long du parcours, permettant moins d’autonomie… par conséquent, sur les épreuves où cela s’appliquerait, nous pourrions voir 2 classements : un classement élite, et un classement autres…

Cette formule existe déjà sur certaines courses aux Etats Unis et pourrait donc arriver en France dans quelques années, mais cela bousculerait certainement les mentalités…

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C’est vrai que la tendance de la marque serait de tenter de faire évoluer le haut-niveau. Cela peut amplement se comprendre puisque l’élite est la vitrine de la marque (comme l’équipe de France de foot l’est pour la FFF…. Comment ça, ce n’est pas un bon exemple ?).

Bref, c’est principalement grâce à ses athlètes « élites » que la marque est visible dans le monde du trail et même en dehors. Et à ce petit jeu, le team Salomon est très visible puisque ses athlètes trustent les premières places de chaque course. Mais à ce que j’ai vu lors de ce rassemblement, une telle réussite n’est pas le fruit du hasard.

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En effet, un encadrement quasi-parfait est mis à disposition des athlètes pour leur permettre de « performer ». Les managers du team sont issus du haut niveau (Greg Vollet ancien VTTiste international, et Jean Michel Faure Vincent ancien snowboarder pro), ce qui leur permet de parfaitement appréhender le côté compétitif (planification, prépa, mental, récup, ….). Ainsi, ils savent ce qui doit être mis à disposition des athlètes pour optimiser les résultats, et ils en ont les moyens…

Ainsi, pour de gros objectifs, les athlètes peuvent compter sur une aide certaine de leur sponsor en étant logé sur les lieux de l’épreuve le temps nécessaire selon le lieu de la course. Ainsi Thomas Lorblanchet a notamment pu passer quelques semaines en famille dans le Colorado cet été ; mais cela s’est avéré payant puisqu’il remporta la prestigieuse course de « Leadville 100 miles ».

Egalement, sur les gros évènements, une équipe d’assistance est mis à disposition des athlètes, et leur organisation est très réfléchie. Par exemple, sur un UTMB, 2 équipes (2 personnes avec 1 véhicule) se répartissent les ravitaillements (1 sur 2). Les athlètes ont ainsi une assistance au top sur chaque point autorisé par le règlement, et les assistants ont suffisamment temps pour rallier leur poste de ravito suivant, même si sur la fin de parcours les écarts peuvent être conséquents puisque les assistants doivent s’occuper de la tête de course hommes (comme Killian, Iker, …) comme leurs coureuses (Néréa, …). Ainsi, on a souvent l’image d’une armada d’assistance autour des coureurs élites, mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il n’y a en fait « que » 4 personnes pour assister une dizaine de coureurs… tandis que pour le coureur moyen de l’UTMB, il y a souvent 3 ou 4 personnes par coureur (femme, enfants, amis, …).

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Tout au long de l’année, les athlètes sont suivis régulièrement par Jean-Michel qui valide les différentes programmations de courses (en collaboration avec les entraineurs de chaque athlète bien entendu). En veillant à ce que chacun n’en fasse pas trop (environ une dizaine de courses chacun par an), il tente de limiter les blessures (sauf Andy, qui fait beaucoup de course d’entraînement). D’ailleurs, on peut constater que ça ne marche pas trop mal puisque les coureurs du team sont très rarement « arrêtés » suite à des blessures.

Après chaque épreuve, les athlètes envoient leur courbes FC afin que Jean-Michel analyse tout ça. Cela lui permet entre autre de peaufiner les futures stratégies de course. Bref, un suivi en parallèle des entraîneurs qui permet d’avoir un autre regard sur la pratique de chaque athlète du team.

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Voilà. Ces quelques jours au sein du team étaient un vrai régal. En dehors de l’aspect « team », j’ai surtout eu le plaisir de rencontrer des sportifs passionnés et très abordables (sauf quand on parle pas super bien l’anglais J). Kilian très accessible (d’autant qu’il parle français), mais j’ai personnellement préféré ne pas trop l’embêter avec mes questions. Le stage ayant lieu peu de temps après qu’il est perdu son ami Stéphane Brosse, sa tristesse était bien trop visible pour que j’aille le questionner sur ces futures projets ou sa pratique du trail-running.

Outre Julien Chorier avec qui je partageais le logement, j’ai ainsi pu échanger notamment avec Emelie Forsberg et je fus assez surpris d’apprendre que ces entraînements ne sont pas vraiment structurés. Un peu à la manière de Kilian, elle s’entraine à l’envie… séance de vitesse, de dénivelé, sortie longue, vélo, ski, … rien n’est vraiment fixé à l’avance et tout se décide le jour J… Une belle vision de notre pratique qui contraste avec nos plans d’entrainement parfois très rigoureux.

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Pour conclure, j’ai vraiment passé de très bons moments avec l’élite mondiale du trail. Cela restera longtemps dans mon esprit. Merci à Jean-Michel, à Grégory, et à tout le team Salomon.

 

 

Pour rappel : l'itw de Julien Chorier

et la vidéo que j'ai faîte du rassemblement

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M
Waouh !! à quand l'écriture dans les magazines ?<br /> Ce récit est tardif mais ça valait le coup t'attendre.<br /> Vivement leprochain.
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C
Salut Remy,<br /> Très intéressant ton article (comme souvent), merci pour ces infos et ton point de vue.<br /> A +
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