Thierry récit CCC 2009
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Christophe et Rémy me parlent de la CCC depuis maintenant plus de deux ans, me persuadant que c’est un trail pour moi (roulant et dynamique), je l’inscris donc dans mon programme 2009 en objectif 1 avec le marathon en début de saison.
En vacances cet été en Bretagne, ce ne fut pas un terrain d'entraînement très propice pour ce type de trail, donc je réalise uniquement des séances longues (5 / 4 heures), sans D+, sur des chemins vallonnés.
Début août, lors d’un entraînement de factionné, j’ai ressenti une forte
douleur au niveau du mollet gauche.
Ce qui s’est traduit par un arrêt total de 15 jours.
A ce moment là, j’avais même émis l’éventualité d’une remise en cause de ma participation à la CCC.
A 20 jours de l’épreuve, j’ai pu reprendre 3 longues séances de montagne + (de 5h à 3h) et 4 séances de fractionné avec mes camarades de l’ALE.
J-1
Jeudi 28 aout 2009, je pars de Claix pour Saint Paul de Varces, où je
récupère Philippe (dossard 7737) et sa famille. Arrivée à Chamonix à 18h45, juste le temps de se garer, nous partons récupérer notre dossard et effectuer le contrôle du matériel obligatoire.
Nous prenons ensuite la direction de Houches où nous y passerons la nuit.
Jour J
6h15, départ en navette de Chamonix direction Courmayeur (Italie).
7h30, arrivée à Courmayeur, après une rapide traversée du tunnel du Mont Blanc, je m’installe avec Philippe au Forum sport center, où, nous prenons place pour deux petites heures d’attente et de repos (voir photo ci-dessous !).
09h15, nous partons en direction de l’arche de départ, dans le centre de la ville, ou règne une superbe ambiance festive et musicale. Le soleil est au rendez vous, la fête est
belle !
Je me positionne dans deuxième tiers des coureurs, j’aperçois juste à ma gauche (par hasard) Roland (dossard n° 8245 ), un traileur que j’avais rencontré lors de la Saintélyon 2008.
Il est en forme, et cela ce confirmera à Chamonix … après 15:29:39 ; 35ème.
Après les trois hymnes nationaux de la France, de la Suisse et de l'Italie, c'est 10h, le départ est donné …pour 98km et 5600 D+ , les applaudissements des nombreux
spectateurs nous transportent pendant toute la traversé de la ville.
Il y a beaucoup de monde et il n'est vraiment pas évident de courir, sur des portions je suis même arrêté ou je marche. Je ne suis pas tellement bien placé pour ce départ et je n'ai aucune idée du nombre de coureurs avant et après moi à la sortie de la ville.
Précision
importante : mon plan de course est entre 18h et 19h
3 kms à la sortie de Courmayeur, nous attaquons une grosse grimpette « Le
refuge de Bertone » à 1989 m (830D+).
Les un derrière les autres, nous montons progressivement, il est très difficile de doubler, pourtant l'envie ne manque pas. Je me dis à ce moment là, que je regrette d'être
parti trop en retrait.
La montée ce fait sous un soleil de plomb, j'ai véritablement plaisir à être là et à vivre cette première montée. Mentalement, je suis prêt à mettre toute mon énergie pour finir cette CCC.
J'ai aussi une pensée à tous ceux qui sont derrières leurs PC et attendent le premier résultat.
Arrivée au refuge de Bertone à 11h40, j'ai 17 minutes d''avance sur mon temps de course le plus optimiste.
Au ravitaillement, je prends rapidement une soupe et je repars pour une très courte descente, ce qui n'est pas pour me déplaire, avant d'attaquer la montée vers la Tête de la Tronche.
Je récupère beaucoup de places pendant la descente, la montée de la Tête de la tronche et j'ai une grande forme lorsque j'aborde la descente au refuge de
Bonatti.
Pointage au refuge avec 11 minutes d'avance sur mon estimation de 18 h mais surtout j'ai gagné 100 places. Je fais un premier ravitaillement de mon camelbag ( ½ eau et ½ coca) car il est totalement vide. La chaleur est pesante et le soleil tape fort.
La prochaine étape est importante car c'est le premier gros ravitaillement en solide, Arnuva.
Je prends le temps (6 minutes) de me poser et de bien manger après 4 heures de
course (229ème au classement).
Vers 14h, je repars pour gravir le Grand Col Ferret, une montée de D+ 760m.
Cela se passe toujours aussi bien car j'ai réussi à gagner une trentaine de place.
Les paysages sont toujours aussi magnifiques .
Au Grand Col Ferret, je pointe en 196ème
position et j’ai 5 minutes d’avance sur le mon temps de passage estimé à 18h.
J’attaque la descente (-1000m) vers La Fouly
avec un excellent moral.
Une partie que j’aborde avec plaisir. J’arrive au ravitaillement à 16h24 et je
repars de la Fouly à 16h33. Moins de 10 minutes d’arrêt, je prends le temps de me poser à une table pour bien m’alimenter.
Direction la suisse Champex le Lac. Arrivée prévue pour 18h45.
Je traverse le village de Praz de Fort, et au milieu de ce hameau, un panneau « Douane Suisse ».
A ce moment là, je suis accompagné d’un autre coureur, qui me dit « c’est mon village » et il m’indique même où est située sa maison. A la sortie du village, moment magique, une dizaine d’enfants brandissent une banderole « ALLEZ PAPI », c’était le coureur qui m’accompagnait. Les enfants avaient sorti sur une table un ravitaillement (coca, fruits secs), je m’arrête et avec eux je partage ce moment de bonheur familial. Un moment intense de tranche de vie inoubliable pour ses enfants et leur papi. Je repars avec lui et deux de ses petits fils qui le suivent à vélo.
J’arrive à Champex-Lac à 18h23, j’ai pris plus de 20 minutes d’avance sur mes objectifs initiaux de 18h. Je suis donc à partir de maintenant dans la course pour faire 18h ou moins. Ravitaillement, je prends un repas chaud et m’hydrate très sérieusement.
Mon temps d’arrêt est de 12 minutes.
Je remercie très amicalement les bénévoles et je quitte la tente de ravitaillement après 12 minutes d’arrêt pour attaquer Bovine. Je prévois mon arrivée pour 20h30 en fonction de mon bon
mental et mes très bonnes sensations physiques.
Je longe le Lac de Champex (ce sera la dernière photo car mon appareil a pris l’humidité) et je descends vers Plan de l’Au pour remonter 700 D+ vers Bovine dans le
crépuscule.
Arrivée à Bovine, 20h16 après 10h15 de course, j’ai 30 minutes d’avance sur mon objectif et à partire de ce moment là je pense sérieusement que les 18 heures, c’est gagné.
Le mental est excellent surtout que la course se passe à partir de maintenant de nuit.
Je prends le temps à Bovine de changer de vêtements et de mettre en fonction la frontale car nous abordons une descente en sous bois. La nuit est presque tombée.
Il me faudra 1 heure tout juste pour rejoindre Trient. J’arrive dans la tente de ravitaillement où l’ambiance est très bonne. Mais à mon grand étonnement, je n’aperçois pas beaucoup de coureurs. Je prends le temps de prendre un plat de pâtes et des fruits. Mon téléphone sonne, je décroche, mon frère m’appelle, il me dit « Tu n’arrêtes pas de gagner des places, tu es 107ème au classement général ». Je suis super étonné, c’est la première fois depuis le début de la course que je connais mon classement, je pensai être dans les 200/250.
Ce coup de téléphone me donne un coup de « niaque » et là tout est possible : dans les 100 premiers et 17 heures. Mais, il reste encore deux gros objectifs : Catogne et la Tête au vent.
Mon objectif est de 1h30 pour rejoindre Catogne, une montée de 700 D+. J’effectue à partir de maintenant la course en compagnie de Nicolas (n° dossard 7660). Nous sympathisons et échangeons sur nos résultats, nos objectifs, … nous arrivons ensemble à Catogne pour 22h44. Je continue à grignoter du temps sur mon estimation de 18h.
Je continue ma course avec Nicolas et nous descendons à bonne allure sur
Vallorcine.
Je suis motivé car c’est un ravitaillement que j’attends, c’est le dernier avant la terrible montée de la Tête au vent.
Arrivée à Vallorcine, je décide de prendre mon temps et de très bien me
ravitailler, 10 minutes d’arrêt.
Je repars très motivé pour cette toute dernière grande difficulté, mais également inquiet car ce dernier objectif est tellement redouté par les coureurs.
J’attaque seul la montée puis je rejoins un groupe de 5 personnes dont une
femme, puis Nicolas rattrape notre groupe. Nous sommes 7 les un derrière les autres, pas un mot, tout le monde est concentré et dans le rythme. Personne ne cherche à dépasser l’autre, et cela
pendant 1h30. Je trouve cette montée très significative du monde du trail, un état d’esprit d’équipe et une intense cohésion dans l’effort et le dépassement de soi.
J’arrive à la Tête au vent, sans trop de difficulté, le rythme était soutenu mais pas insupportable à tenir malgré les 15 heures de course.
A 1H39 du matin, je me pars de la Tête au vent pour la Flégère , c’est un long
passage très caillouteux et en descente.
Après 40 minutes, nous arrivons toujours notre petit groupe de 7 à La Flégère.
Il me reste à ce moment là plus que 45 minutes pour réaliser moins de 17h.
Je sais que c’est presque impossible mais je choisis de tout tenter pour me rapprocher le plus possible de cet objectif.
Je pars très vite de la tente de pointage de la Flégère , et là, je perds 5 minutes à trouver le balisage car le brouillard est très épais. Je ne suis pas seul, nous sommes une petite dizaine à chercher notre chemin.
Nous retrouvons le balisage et nous entamons notre dernière descente vers Chamonix.
Mes jambes sont bonnes, le mental est bon, je décide de tout donner. Deux
coureuses Italiennes me dépassent à toute vitesse, je décide de les suivre et nous dépassons 5 coureurs.
Ma fille Julie et Laura m’attendent à environ 200 m de l’arrivée, c’est que du bonheur de l’avoir avec moi pour franchir la ligne d’arrivée.
3h13 du matin, après 17:11:46, je franchis la ligne d’arrivée sous les encouragements de Marine (ma femme), Sandra (ma belle sœur), Clarisse (mon amie), Roxane, Fabrice (mon frère), Daniel (mon
ami).
Et, c’est avec un grand plaisir que je rencontre vers 4h Christophe qui est venu me voir avant de prendre le départ de la TDS.
Mes remerciements :
- A ma femme et ma fille qui me soutiennent tout au long de l'année (entraînement, soirée, WE...)
- Clarisse et Daniel qui m’ont témoigné de leur amitié
- Mon frère et sa famille qui sont venus d’Alsace pour me voir à l’arrivée
- 3DTrail : Christophe et Rémy qui m’ont transmis la passion du Trail
- Jérôme (le coach de l’ALE) qui est toujours disponible et à l’écoute
- Philippe et sa famille pour m’avoir hébergé à Houches
- Aux organisateurs et aux bénévoles, un grand merci
- Et à tous ceux qui
étaient derrières leurs PC pendant l'épreuve, à ceux qui m'ont laissé des
commentaires , emails, appels téléphoniques, ...
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